Avril (suite) à août 2019

Publié le par Michel Mourlet

Première publication : Nouvelle Revue universelle n° 57

 

Avril (suite)

 

Souvenirs, souvenirs.... Corrigeant la copie informatique des premières années de mon Journal critique, je tombe ‒ à partir de 1956 ‒ sur des commentaires de Pasiphaé et de la Marée du soir. Or j’ai écrit dans Une Vie en liberté que mon premier contact avec l’œuvre de Montherlant s’était produit dans les années 60, à l’occasion d’une diffusion de la Reine morte à la radio. Comme quoi il ne faut jamais se fier à un souvenir quelle qu’en soit la charge de certitude. Je suppose que le choc ressenti à l’écoute inopinée de l’admirable première scène avec l’Infante (« Je me plains à vous, je me plains à vous, Seigneur ! »), comme la chute d’une pierre dans une eau dormante a propagé dans ma mémoire des ondes circulaires qui ont recouvert et brouillé mes souvenirs antérieurs, jusqu’à les occulter complètement. La mémoire a une vie propre, elle organise son espace scénique, son temps de représentation, dispose son décor et son mobilier, en modifie l’ordonnance à sa guise, et l’on ne saurait contester son théâtre d’ombres qu’à l’aide de documents écrits ou photographiés. C’est dire à quel point devrait être tenu hors de créance tout témoignage au tribunal d’un fait un peu éloigné, le témoin en mît-il « sa tête à couper ».

 

Anticipations. En Europe, les forces politiques montantes et qui pèseront de plus en plus sont au nombre de trois : les patriotes anti-capitalisme sauvage, anti-mondialisme américanoïde, anti-déferlement migratoire, les écologistes pavés de bonnes intentions et une minorité hyperactive de révoltés-déracinés-déstructurés qui, comme l’enseignait Pierre Dac, sont pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Ces trois forces pousseront peu à peu dans le précipice les vieux partis au langage figé, crispés sur des clivages depuis longtemps dépassés et des tabous en grand péril.

 

En France, nous avons deux chevaux fourbus qu’il ne faut surtout plus enfourcher : le socialisme pantouflard et la fausse droite chèvre et chou. Depuis qu‘on a enfoui le Général et son exigence nationale sous des monceaux de chrysanthèmes, ces deux rosses efflanquées ont démontré alternativement leur incapacité à tirer la charrue de la France, préférant traîner à grand peine le corbillard bruxellois. On essaiera en vain de les bouchonner, de leur administrer des vitamines, de les faire manger à tous les râteliers, elles finiront par s’affaler entre les brancards, étonnées d’expirer sans avoir rien compris.

Les crapauds mous du marais centriste, les chrétiens tiédasses, les capitaines et chevaliers d’industrie, les autruches européistes, les bobos qui sniffent, les jeunes cadres dorés appendus aux cimaises du capitalisme, les ganaches soixante-huitardes à tresses grises, les rats toujours prêts à abandonner le navire et tous les éternels gogos qui se croient réalistes parce qu’ils aperçoivent quelquefois le bout de leur nez, autrefois votaient Sarkhollande. Ils se tournent ou se tourneront vers le macronisme. Cela fait beaucoup de monde, et bigarré, et sans lien organique, dans une embarcation qui n’existe que par son pilote, lequel n’existe lui-même que pour avoir promis n’importe quoi à chacun, entre deux portes. Autant dire que le canot de sauvetage ne mettra pas des années à se transformer en radeau de la Méduse.

Cela sans prétendre à prophétiser quoi que ce soit concernant les élections de mai prochain. Il ne s’agit ici que de tirer une ligne entre divers points bien visibles, ligne vectorielle qui devrait en bonne logique indiquer une juste direction.

 

Parallèle franco-germanique. Un historien et critique de cinéma allemand, M. Stephan Ahrens, prépare une rétrospective de films autour d’Hedy Lamarr au Zeughauskino, le cinéma du Musée historique de Berlin. Il m’invite à y prononcer une conférence fin août pour présenter Samson et Dalila de Cecil B. DeMille. Mon éditeur, Séguier, vient de publier les souvenirs d’Hedy Lamarr. Extrait du Dictionnaire des idées reçues mais pourtant exactes, que Flaubert n’a pas eu le temps de rédiger : Les Allemands sont supérieurement organisés !

 

Cette invitation qui, de Berlin, m’arrive à La Rochelle me remet en mémoire une rétrospective de films de Raoul Walsh (l’un des quatre cinéastes composant le « Carré d’as » du Mac-Mahon) dans le cadre du festival qui se déroule chaque année en cette belle ville, où j’ai le plaisir de respirer l’haleine de la mer depuis 2012. Sortant peu de ma retraite studieuse sauf pour me rendre à Paris, jai été averti du cycle Walsh... par un ami de passage. Les spécialistes berlinois du cinéma savent que j’habite La Rochelle, les spécialistes de La Rochelle ne le savent pas.

 

Mai

 

Nouvelles des Europiomanes. Dès le retrait effectif du Royaume-Uni, dans la naïveté d’une logique purement comptable on aurait pu penser que l’Assemblée européenne serait amputée du nombre de députés britanniques sortants. Vu les émoluments et défraiements faramineux perçus par les élus de Strasbourg, l’économie n’eût pas été négligeable. Mais la structure administrative et politique de l’Union européenne, ne l’oublions pas, a été conçue et mise en place comme un énorme fromage par ceux-là même qui devaient s’y loger. Ce qui explique l’acharnement avec lequel ils le défendent. Nous voici donc heureux d’apprendre qu’un nombre presque équivalent de députés nouveaux sera réparti entre les pays de l’Union. Pourquoi s’en émouvoir ? Ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport aux cinquante-six mille bestioles à poil ras et museau pointu qui, chiffrés il y a peu par France Inter, grignotent le fromage.

 

Quinze jours avant les élections, un nouveau slogan fait florès, répété à l’envi par les bateleurs de Bruxelles et les braves gens interrogés dans la rue, qui ont consciencieusement appris par cœur le message : - « Que nous a apporté l’Europe, de plus important ? » Réponse unanime ; « La paix ! » Certes, si les bateleurs avaient répondu : la fin du chômage de masse, l’essor de notre industrie, un frein à l’impérialisme du dollar, la parité économique avec l’Allemagne, la résistance des frontières à l’immigration délirante, tout le monde aurait éclaté de rire. Mieux vaut faire croire au bon peuple que le pool charbon-acier a permis d’éviter un conflit sanglant entre la France et le Luxembourg.

 

 

Don Quichotte contre les moulins d’Éole. Faute de trajets ferroviaires adaptés, j’effectue de temps à autre de longs voyages en voiture, entre Charente et Cotentin. Et chaque fois je constate l’aggravation du saccage opéré dans la campagne française par des pollueurs prétendument soucieux d’écologie. De loin en loin, sur des plaines et des bocages où naguère les yeux se reposaient, où le cœur s’agrandissait jusqu’aux confins de l’horizon, de lugubres fantômes blancs s’élèvent, parfois moulinant l’air de leurs bras grêles, plus souvent immobiles par manque de vent ou simplement en panne. Ceux-là nous narguent au passage. Ils disent : « Voyez, non seulement nous détruisons l’harmonie du paysage, non seulement nous vous coûtons très cher et enrichissons la Chine et l’Allemagne qui nous fabriquent en inondant la planète d’oxyde de carbone, non seulement, si nous tournions, nous serions sans doute hors d’usage avant d’avoir amorti nos coûts de fabrication et d’entretien, mais tourner, nous n’y parvenons même pas ! Nous attendons notre service de réparation, qui vous coûte également la peau des... tympans. »

D’autres, plus sarcastiques encore et qu’on jurerait sortis d’un film d’horreur (genre Scream), ajoutent : « Vous devriez nous remercier d’être en panne. Quand nous agitons nos ailes de métal... Vive le vent ! Vive le vent !... nous massacrons les oiseaux en plein vol. Nos ondes sonores tuent les vaches et leurs veaux, agressent les malheureux humains qui habitent dans notre voisinage... » J’ai même, car on trouve de tout chez les Samaritains de l’énergie renouvelable, j’ai même entendu une éolienne qui confondait la Chine avec le Tibet. Elle hululait comme les hulottes et les Hulots : « Moudre du vent, n’est-ce pas le propre des moulins à prière ? » Complétons : et des moulins de l’idéologie encouragée par la société marchande. Comment !, s’écrient les promoteurs tâtant leur portefeuille dans leur poche, on nous interdit de bétonner ? Plantons des éoliennes ! 

 

 

Là est la question. La vie – le vouloir-vivre, l’élan vital, le souffle créateur, qu’on l’appelle comme on voudra – qui anime le ténia, l’aigle, le héros, l’assassin crapuleux, le saint, l’auteur du Cimetière marin (« Il faut tenter de vivre ! ») et le cynocéphale à callosités rouges, la vie a-t-elle en soi une valeur absolue ? Ou vaut-elle par ce qu’en font, mesuré à l’aune des valeurs humaines, soit la nature de l’être vivant, soit sa volonté, soit les circonstances ? Tant qu’on n’a pas répondu sans ambages à cette question, comment prendre position sur certains problèmes – le suicide, l’euthanasie – posés par des situations de détresse ou des états incurables ?

 

 

Le socialisme selon Gourmont. Il y a de bien jolies choses dans les Dialogues des amateurs de Remy de Gourmont et qui devraient faire hurle les autorités morales, s’il leur advenait par un peu probable hasard de lire de la littérature. Ces Dialogues viennent d’être réédités dans les Classiques Garnier par le plus actif des amis de Gourmont, Christian Buat. On y trouve par exemple une description de l’optimisme vague propre au socialisme à la française (ici, en 1908), qui vaut son pesant de Hollande. Elle s’achève ainsi : « C’est comme dans l’Apocalypse. Il y a dans le ciel des signes qui annoncent de grandes révolutions Le lendemain, il arrive quelque chose, en effet : il pleut. »  Les féministes y reçoivent aussi quelques claques, là où il convient. Telle cette Mlle Z. « qui est peut-être doctoresse de quelque chose, qui serre en un pantalon de troubade des fesses d’éléphant... ». Parfois, aussi, le pape du Mercure raille telle ou telle cause que pour ma part je soutiendrais. Peu importe ! Je savoure ses moqueries, toujours intelligentes même quand leur cible est contestable. Un mot d’Anatole France résumera mon propos  : « À nous tous, il nous arrive d’écrire des bêtises. Gourmont, jamais. » Nos directeurs d’opinion devraient en prendre de la graine.

 

Juin

 

Lubrifiant. Si tout comportement naturel n’est pas forcément adaptable à la société, voire approprié à l’individu, toute conduite dénaturée est forcément inviable à plus ou moins long terme. La morale, art de vivre avec les autres, par sa définition même exige une réciprocité. En tentant de s’immiscer dans des appareils judiciaires étrangers pour réclamer l’atténuation de la peine prononcée contre d’ignobles égorgeurs, le gouvernement français, une fois de plus, heureux de se faire applaudir par quelques pierrots lunaires, va violenter le sens commun et se ridiculiser aux yeux des lucides. Pressée sans relâche dans la machine sociale par de belles âmes parfumées et frisées au fer, la vaseline poisseuse de l’« humanitairerie », comme l’appelle Musset dans les délicieuses Lettres de Dupuis et Cotonet, loin de faciliter l’entraînement des rouages, les encrasse. La vaseline n’est pas plus la morale que ne sont l’élégance les criailleries de basse-cour d’une femen qui ouvre un bec menaçant et hérisse les plumes de son col.

 

 

Les Maux de la langue : le « D Day » La grande campagne d’élimination de la langue française portée par la télévision officielle se poursuit et s’intensifie : en ces heures de commémoration du « Jour J », qui – à de rares et insignifiantes exceptions près – s’était toujours appelé ainsi en douce France jusqu’à une époque récente, ledit Jour, dans la bouche au sourire éternel des automates programmés pour modeler mentalement leur auditoire, devient brusquement le « D-Day ». Pour bien s’imprimer dans la mémoire des téléspectateurs, il apparaît même au bas de l’écran tout au long des reportages consacrés au Débarquement. Innocente sottise ou volonté délibérée ?

Méfiant à l’endroit du complotisme, enclin à voir dans cette substitution le fruit d’une simple fatuité de semi-cultivés tout fiers d’articuler un peu d’anglais, il s’est trouvé qu’après l’une des nombreuses mentions quotidiennes du « D-Day », j’ai entendu l’hommage rendu le 2 juin sur France 2, dans le Journal de 13 h, à Michel Serres.

Aucun de ses lecteurs ne l’ignore : la contribution la plus récente, la plus fougueuse et la plus marquante de cet ami du gai savoir à la bonne rotondité de la noosphère fut son combat pour la Défense et Illustration de la langue française aujourd’hui (son dernier livre, publié en 2018), qui est comme la conclusion rétrospectivement éclairante de toute sa vie et en particulier des 139 volumes du Corpus des Œuvres de Philosophie en Langue française dont il a dirigé l’édition. Michel Serres disait volontiers que, se promenant dans le Paris anglicisé d’aujourd’hui, il ressentait la même impression que sous l’Occupation (il avait dix ans en 1940) devant la forêt de pancartes rédigées en allemand.

Dans l’hommage du 2 juin, pas un mot de cet engagement passionné. Innocente sottise ?

 

 

Résurgence cinéphilique. Message de Bertrand Tavernier pour me signaler un texte inédit sur Vittorio Cottafavi, écrit par un cinéphile dont il ne connaît que l’adresse de courriel. Je me fais envoyer ce texte mystérieux. Il se révèle des plus intéressants, rédigé par quelqu’un qui possède à fond son sujet sujet peu banal, on l’admettra. Il apporte même aux plus anciens admirateurs du metteur en scène , et qui furent de ses proches, des précisions nouvelles, des éléments d’analyse d’une indiscutable pertinence. En particulier un examen détaillé de la cabale interne montée en 1949 contre Cottafavi à ses débuts, par une profession passée du jour au lendemain du service du Duce à l’antifascisme militant ; cabale lourde de conséquences, accusant le jeune et prometteur cinéaste de la Fiamma che non si spegne de complaisance envers le régime honni.

Me voilà impressionné et intrigué : la cinéphilie, en France, n’aurait-elle pas totalement disparu ?

À ma demande, l’auteur de l’étude me fait parvenir son « C.V. » : agrégé d’italien en 1973, professeur de cinéma, ancien maître de conférences à l’Université de Provence. Tout s’éclaire ! Jean-Claude Bousquet n’appartient pas à ces générations récentes de zappeurs sur canapé, amateurs d’effets spéciaux et d’humanoïdes invulnérables, pour qui l’histoire du cinéma commence en 1982. C’est-à-dire avec Conan le barbare, qui a bien mérité sa contrepèterie.

 

 

Hommage aux deux fossoyeurs. En ces temps de commémorations et célébrations en tous genres, destinées avec le football selon une formule qui a fait ses preuves depuis les jeux de Rome à distraire la plèbe de ses soucis quotidiens, il m’apparaît que les droites françaises, de la nationaliste à l’eurogâteuse, ont oublié de rendre hommage aux deux hommes qui les ont le mieux servies depuis quarante ans : Mitterrand qui a enterré son vieil ennemi communiste avec armes et bagages et Hollande qui, payant de sa personne, a sabordé le parti socialiste. Une médaille avec leurs deux profils remporterait un succès fou auprès des collectionneurs.

 

Juillet

 

« Démocrassouille ». Les « affaires » qui s’accumulent, des politiciens qui ne peuvent plus se regarder sans rire, des inquisiteurs-délateurs qui sapent à qui mieux mieux la République afin de la purifier, le « tous pourris ! » qui gagne chaque jour un peu plus de terrain dans les chaumières : Léon Daudet serait aux anges. Ministres, députés, tribunaux, Médiapart, Français, encore un effort !

 

 

La morale. Qu’elle tombât du Ciel en impératifs catégoriques ou naquît, s’adaptât et se diversifiât au sein des différentes sociétés engendrées par la géographie et par l’Histoire, elle formulait autrefois les principes de l’art de vivre ensemble. Transformée aujourd’hui en moralisation idéologique, canal par où doivent passer tous les navires de l’activité humaine ainsi que la réponse à toutes les questions, la morale n’est plus que l’intelligence des imbéciles, stimulée par une ardente volonté de nuire.

PS : Et n’oublions jamais cet avertissement de Gourmont , plus que jamais d’actualité : « La conscience de l'humanité ! Il s'agit de trois douzaines de journalistes qui gagnent leur vie en élevant des phrases, comme un paysan en élevant des veaux (Épilogues).

 

« Souffre et meurs sans parler. » Dîner parisien, ou plus précisément indien, avec François Kasbi dont l’hypersensibilité littéraire est à ranger parmi les valeurs actuelles les plus évidentes. Entre deux bouchées parfumées au cari (orthographe française, du tamoul kari ; on voudra bien noter que je n’écris pas « curry » comme on le fait dans la volière des aras anglomanes), il me tend la photocopie d’un entretien avec l’essayiste Avital Ronell paru dans L’Obs du 11 juillet, entretien intitulé « La plainte », dont il me dit grand bien et qu’il m’engage à lire. Ce texte prend place dans une série consacrée aux conduites inspirées par un sentiment dépréciatif de soi : infériorité, culpabilité, inaptitude, face aux pressions du monde extérieur. La peur, par exemple, ou la honte.

On n’est jamais trop méfiant à l’endroit des intellectuelles américaines à lunettes, surtout si elles se présentent comme « philosophes ». Tout le monde aujourd’hui se donne ou se fait donner du « philosophe » ˗ j’entends : non pas simple « ami de la sagesse », mais émule de Platon ˗ même les professeurs de terminale n’ayant jamais émis la moindre idée qui ne vînt de Malebranche, de Spencer ou de Derrida ; de même que n’importe quel tartineur de pages se proclame écrivain. Phénomène inconnu d’Héraclite jusqu’à Bergson, mais familier aux économistes, qui le baptisent « inflation ».

Rentré au bercail, je parcours l’entretien recommandé par Kasbi et le trouve, en effet, assez bien tourné, d’une certaine vivacité de ton et pertinence d’analyse. Mais, très vite, une incongruité me saute aux yeux comme elle aurait dû sauter aux oreilles du questionneur. Du coup, je pianote sur mon clavier le poulet que voici :

« Cher François,

»J'ai lu "La plainte" qui n'est pas mal en effet, sur le plan analytique, si ce n'est que la dame en question confond - volontairement ou non, je ne sais - ce qui ressortit à la plainte stricto sensu, émanation personnelle d'un individu souffrant, et ce qui relève de la protestation, voire de la dénonciation ou de l'indignation, qui ont presque toujours partie liée avec les idées générales et non point avec une souffrance individuelle. Dire que Trump est le "pleurnichard en chef" illustre cette confusion systématique et dédouanerait presque l'intéressé de sa réputation de "fasciste" !

» Et puis, dans ce contexte, il aurait fallu citer "La mort du loup", qui est le refus hautain de se plaindre, attitude aristocratique par excellence, donc mal vue de l'égalitarisme obligatoire... et pleurnichard. »

L’urgence serait moins de décortiquer le « cri plaintif » que de replacer le stoïcisme au centre de nos conduites.

 

Août

 

L’arroseur arrosé. Entendu pour la énième fois un robot des ondes invoquer les « stéréotypes » à propos de la démarche qui consiste à tirer une loi ou une règle de multiples expériences personnelles ou transmises, comme si cette démarche logique de généralisation et fixation de phénomènes particuliers, celle même des sciences, était mystérieusement interdite à la connaissance de l’humain. Le robot parleur eût probablement été fort surpris d’apprendre qu’il fonctionnait selon un algorithme mental reproduit et distribué à des milliers d’exemplaires (dans les médias, les universités, les écoles) et dont on pourrait baptiser l’invariable résultat « stéréotype des stéréotypes ».

 

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